Henri Heller

Dans cet extrait, Henri Heller évoque les combats de la Libération dans l’armée française, dans les Vosges, à l’automne 1944. Il raconte la dissolution de son unité composée d’étrangers.

Henri Heller est né le 16 février 1922 à Tyczyn (Pologne). Son père Abraham est maquignon, sa mère, Chaja, sans profession. Tous deux pratiquent la religion juive. En 1926, ils choisissent de quitter la Pologne pour fuir  l’antisémitisme. La famille s’installe d’abord à Herserange (Meurthe-et-Moselle). Le père d’Henri vend des vêtements aux mineurs. Inscrit à l’école, Henri parle parfaitement le français au bout de quelques mois. En 1929, la famille part s’installer en région parisienne. Abraham devient manœuvre dans une usine de chimie près de Pontoise, puis marchand forain. Henri est scolarisé dans une école publique. Un directeur d’école lui fait obtenir sa naturalisation française et, par contre coup, celle de ses parents et de son frère Jacob, de trois ans son cadet. À Pontoise, sa mère fait office d’écrivain publique pour l’ensemble de la communauté juive. De 1936 à 1938, Henri est inscrit à l’école Maimonide de Boulogne-Billancourt. Il est aussi membre des Éclaireurs israélite de France (EIF). Après avoir obtenu son brevet élémentaire, il entre à l’École normale israélite orientale pour se destiner à la formation des enseignants dans les pays francophones.

La guerre modifie ses plans. Jusqu’en juin 1940, il travaille au tri postal, à la gare du Nord. À l’automne 1940, la famille se fait recenser et le tampon « Juif » est apposé sur les cartes d’identité. En 1941, Henri est pris en charge par le Comité Sully qui envoie à la campagne de jeunes parisiens. Il réside au château de Mézière, à Lunay (Loir-et-Cher), et travaille chez les paysans. Il rend souvent visite à ses parents qu’il approvisionne en denrées. De santé fragile, Jacob a quant à lui été envoyé en zone Sud.

En juin 1942, Henri franchit la ligne de démarcation et rejoint le centre des EIF à Moissac. Il est incorporé dans les Chantiers de la Jeunesse, dans l’Ariège, et effectue du bûcheronnage. Ses parents passent à cette même époque en zone Sud. Ils sont inscrits en tant que réfugiés à la mairie de Moissac. Son père rend des services aux paysans pour lesquels il confectionne des chaussures et des outils. Son frère travaille au centre des EIF de Moissac et participe au placement d’enfants. La famille est dotée de faux-papiers.

En juin 1944, après le Débarquement des Alliés, Henri rejoint le maquis de Vabre. Il fait partie de la compagnie Marc Haguenau de la « Sixième » (EIF), sous les ordres de Robert Gamzon. Il y reçoit une instruction militaire et aide à la réception de parachutages d’armes effectués par les Anglais. Le 19 août 1944, il participe à l’attaque victorieuse d’un train allemand qui transporte des canons. À Castres, sous la direction de Dunoyer de Segonzac, son groupe obtient la reddition de l’occupant allemand qui domine pourtant en nombre.

Par la suite, il est intégré dans l’armée officielle, rattaché à la 4ème Division nord-africaine, et combat dans la forêt des Vosges. Fin octobre 1944, son unité, composée d’étrangers, est dissoute. Il rejoint le centre de Moissac où il enseigne les mathématiques. Sur place, il retrouve ses parents. Quant à son frère, il part s’établir en Palestine.

En 1951, Henri Heller s’est marié . Henri et Sarah ont eu deux enfants qui ont reçu une éducation juive.

L’interview a été réalisée à Issy-les-Moulineaux le 16 août 1996. L’interviewer était Rafael Lewandowski et le caméraman Philippe Auliac.

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