Dans cet extrait, Walter Spitzer raconte comment ses talents de dessinateur ont conduit la résistance à l’envoyer faire des croquis des atrocités collectionnées par Ilse Koch, la « chienne de Buchenwald ».
Walter Spitzer est né le 14 juin 1927 à Cieszyn en Pologne (Haute-Silésie). Il a un frère aîné, Harry. Son père, Samuel, est fabricant de liqueur à Cieszyn. Sa mère, Margaret, est employée des chemins de fer. Peu pratiquante, la famille respecte les fêtes religieuses.
Au premier soir de l’invasion allemande, la synagogue de Cieszyn flambe. Samuel Spitzer décède d’une maladie en février 1940. Harry part s’installer en Slovaquie chez une tante. Il mourra fusillé.
En juin 1940, les Allemands intègrent Cieszyn dans le Gouvernement général de Pologne. Walter et sa mère partent s’installer à Strzemieszyce. Il s’y constitue bientôt un ghetto et des rafles sont organisées. Walter travaille chez un photographe, dans un atelier réquisitionné par les Allemands. Il doit ensuite travailler dans une usine en tant que soudeur.
Il est finalement arrêté en juin 1943. Déporté à Blechhammer, il y apprend que sa mère, également arrêtée, a tenté de s’évader et a été fusillée. Versé dans un Kommando, il porte des sacs de ciment. Ses talents de dessinateur lui permettent par la suite de travailler dans un bureau, ce qui l’aide à survivre.
Au moment de l’évacuation du camp, en janvier 1945, il prend la route avec son ami Jules Fainzang (voir ce témoignage). Tous deux sont acheminés au camp de Gross-Rosen puis à celui de Buchenwald.
Cachés par des résistants de ce dernier camp, ils échappent aux exécutions de Juifs. Embarqués dans un train, ils sont pris pour cible par l’aviation alliée. Ils parviennent à s’échapper du convoi et finissent par rencontrer les troupes américaines.
Rapatrié en France, Walter Spitzer passe quelques temps à Moissac avec son ami Jules Fainzang. Il témoigne par le dessin de son expérience concentrationnaire. Il fait l’École des Beaux-Arts. Il illustre de nombreux ouvrages, dont ceux de Jean-Paul Sartre, Henry de Montherlant, Jean Dutourd et André Malraux.
Également sculpteur, il réalise le monument commémoratif de la rafle du Vel’ d’Hiv’, situé place des Martyrs Juifs du Vélodrome d’Hiver, inauguré le 17 juillet 1994.
Walter Spitzer a été interviewé le 15 novembre 1995 à Paris par Peggy Frankston.