CNRD 2014

Denise Lévy

Dans cet extrait, Denise Lévy raconte les difficultés matérielles qu’elle rencontre après la Libération lorsqu’elle se réinstalle à Paris avec ses parents.

Denise Lévy est née le 10 août 1913 à Paris d’un père alsacien et d’une mère lorraine. Son père, marchand de chaussures, est un ancien combattant de la Première Guerre mondiale. Vers l’âge de 14 ans, Denise entre aux Éclaireurs israélites de France (EIF). En 1937, elle obtient son diplôme de pharmacienne. Pendant la Drôle de guerre, elle est recrutée par le ministère de l’armement. À la suite de l’avance allemande, le laboratoire où elle travaille est déplacé à Montauban.

Sous l’Occupation, Denise Lévy reste en contact étroit avec la maison d’enfants de Moissac administrée par les EIF. En décembre 1941, elle doit renoncer en tant que juive à travailler pour le ministère de l’armement. Elle résiste au sein de la branche clandestine des Éclaireurs, la « Sixième». Elle aide à cacher des enfants et des adolescents menacés d’arrestation, fournit des faux-papiers, surveille les camps de louveteaux… Pourvue de fausses identités, elle effectue de nombreux déplacements dont quelques-uns à Paris où ses parents sont demeurés à leur domicile.

Denise Lévy se trouve à Toulouse au moment de la Libération. Elle retourne à Paris où elle se réinstalle avec ses parents. Elle œuvre à récupérer les enfants qui ont été placés et les oriente vers des structures d’accueil ceux dont les parents ne sont pas revenus des camps.

Elle retravaille un temps au laboratoire de l’armement, termine sa licence de sciences avant d’être recrutée par le CNRS où elle demeurera jusqu’à sa retraite. 

L’interview a été réalisée à Paris le 29 janvier 1996. L’interviewer était Hélène Levy-Wand Polak et le caméraman Gilmer Pozo.

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  • Paulette Babiz

    Language: French

    Dans cet extrait Paulette Babiz décrit la fonction de secrétaire de la mission interalliée qu’elle exerce après la libération de Lyon.

    Née Rosenberg, Paulette Babiz a vu le jour le 8 avril 1925 à Paris. Originaire de Pologne, sa mère Fanny Rosenberg est arrivée en France en 1919. Son père, Jules Rosenberg, l’a rejointe peu après, ayant déserté l’armée polonaise en proie à l’antisémitisme. Paulette Babiz grandit dans un milieu très pauvre, entourée de deux sœurs et d’un frère. Son père travaille chez Renault mais doit compléter son salaire en faisant les marchés avec son épouse. La famille s’installe à Bezons (Seine-et-Oise). Les parents obtiennent leur naturalisation française en 1927. Juifs non pratiquants, ils s’assimilent assez facilement. Politiquement, le père de Paulette est proche du parti communiste. Appelé sous les drapeaux en septembre 1939, il est démobilisé car il a quatre enfants.

    Lors de l’invasion allemande, la famille fuit la banlieue parisienne. Elle y revient quelques semaines après l’armistice, sans Armand, le frère de Paulette, resté en zone Sud. En septembre 1941, la mère de Paulette organise le départ de son mari de la zone occupée menacé par les rafles. Avec ses filles, elle parvient à franchir la ligne de démarcation grâce à un passeur. La famille se reconstitue et s’installe à Brive-la-Gaillarde.

    L’invasion de la zone Sud par les Allemands en novembre 1942 entraîne le départ d’Armand pour l’Angleterre par les Pyrénées. Son père suit le même chemin une semaine plus tard. À Brive, Paulette travaille comme bibliothécaire sous sa véritable identité, trois jours par semaine. Elle se livre aussi à des activités de Résistance, distribuant des tracts du mouvement Combat.

    En mai 1943, les trois sœurs Babiz et leur mère partent pour Grenoble. Paulette y rencontre l’avocat Manfred Imerglik, membre de la Main d’œuvre immigrée (MOI). Elle participe à l’élaboration de journaux clandestins, au transport d’armes, cette fois sous une fausse identité. Sa plus jeune sœur qui n’a que huit ans, a été placée dans une ferme aux abords de la frontière suisse.

    Après avril 1944, Paulette travaille à l’état major clandestin de l’Isère avec le commandant Le Ray. Elle devient agent de liaison du maquis du Vercors et effectue de longs trajets journaliers en bicyclette pour relier les différents secteurs. Après la libération de Grenoble, elle part avec le commandant Adrien Conus pour participer à la libération de Lyon. Elle occupe alors la fonction de secrétaire de la mission interalliée.

    Elle retourne par la suite à Paris. Elle y retrouve les différents membres de sa famille et épouse, en 1945, un parachutiste rencontré au maquis avec lequel elle aura un enfant en 1946.

    L’interview a été réalisée à Maisons-Laffitte le 3 juillet 1996. L’interviewer était Rafael Lewandowski et le caméraman Sylvain Rigollot.

  • Raymond Clubourg

    Language: French

    Dans cet extrait, Raymond Clubourg raconte le jour où la nouvelle du débarquement anglo-américain en Normandie éclate au camp de Saint-Paul d’Eyjeaux. Il évoque aussi le coup de main de la Résistance sur le camp, qui permet l’évasion de prisonniers.

    Raymond Clubourg est né sous le nom de Jechiel Klubski le 13 août 1926 à Lodz (Pologne). Raymond n’a que quelques années lorsqu’il part s’installer en France avec sa sœur Annie, née en 1930, et ses parents Zyssa et Maurice. Il fréquente l’école publique, rue Blomet (XVème arrondissement de Paris), et connaît une enfance heureuse dans une famille très intégrée. Il reçoit une éducation juive et entre aux Éclaireurs israélites de France (EIF). Ses parents travaillent dans la confection de vêtements.

    Au moment de l’offensive allemande de mai 1940, le père de Raymond entre dans la Légion étrangère. Après l’armistice, Maurice qui se trouve dans l’Indre parvient à faire franchir la ligne de démarcation à sa famille. Tous s’installent à Saint-Gaultier. Raymond entre au collège du Blanc.

    Après l’invasion de la zone Sud par les Allemands en novembre 1942, la famille Klubski se voit fournir de faux papiers par la Résistance. La sœur de Raymond est placée dans une famille de catholiques de gauche, à Roanne. Raymond entre quant à lui en contact avec l’Armée secrète. Il est chargé de transporter des tracts, des armes ou encore des faux papiers.  Fin 1943, pour sa sécurité, il trouve refuge à l’école nationale des sourds-muets de Cognin, près de Chambéry, où il reste six mois.

    Il revient à Saint-Gaultier au printemps 1944 mais il est arrêté par deux miliciens au cours d’une mission en mai 1944. Il est passé à tabac mais ne parle pas : son réseau demeure intact. Envoyé au camp de Saint-Paul d’Eyjeaux, il y reste du 22 mai à début juin 1944, lorsque l’attaque du camp par les FFI permet l’évasion d’une partie des prisonniers, dont Raymond. Par la suite, il intègre le maquis et participe à des coups de main contre les troupes allemandes. Il se bat notamment sur le plateau de Millevaches. Il participe par la suite à la campagne de libération de la France.

    Sa famille a survécu à Saint-Gaultier. Tous se retrouvent à Paris après la libération du territoire national. Raymond passe le baccalauréat, commence des études qu’il interrompt toutefois pour travailler aux côtés de son père dans la confection. Il dirige par la suite une grande société dans ce secteur. Il quitte l’Europe pour vivre en Uruguay avant de diriger une entreprise textile en Argentine. Il s’installe enfin à Miami.

    L’interview a été réalisée à Los Angeles le 7 août 1995. L’interviewer était Robert Clary et le caméraman Gilmer Pozo.

  • Suzanne Dreyfus

    Language: French

    Dans cet extrait, Suzanne Dreyfus explique comment elle a réussi à rejoindre Lyon pour y retrouver son mari, débarqué d’Afrique du Nord à Marseille en août 1944.

    De son nom de jeune fille Leviant, Suzanne Dreyfus est née à Vienne (Autriche) le 15 août 1921, de parents juifs ukrainiens. Son frère Israël est né à Kiev en 1914. Peu avant la naissance de Suzanne, la famille fuit la Russie bolchevique et s’installe à Paris après un périple en Europe. Les parents travaillent sur les marchés.

    En 1936, les Leviant sont naturalisés. Suzanne fait des études courtes dans le domaine de la chimie. Elles lui permettent d’être recrutée par la Poudrerie nationale à Toulouse, lorsque la famille emménage dans la ville après la déclaration de guerre.

    À Toulouse, Suzanne rencontre fin 1941 Gilbert, son futur mari. Elle devient la secrétaire de son frère, qui travaille pour le groupe industriel Pechiney à la construction de barrages dans le Massif Central. En novembre 1942, ce dernier est envoyé au Niger par Pechiney.

    En mars 1942, Suzanne se marie à la synagogue de Toulouse. Elle donne peu après naissance à un garçon, Patrick. Après l’invasion de la zone Sud par les Allemands, la famille craint constamment pour sa sécurité. Suzanne s’engage dans la Résistance aux côtés de sa belle-mère, qui  s’occupe du service social des Mouvements unis de la Résistance (MUR). Elle participe notamment à la fabrication et à la fourniture de faux papiers, de fausses cartes d’alimentation. Son mari a quitté la France par l’Espagne et a rejoint le Maroc.

    Menacée, Suzanne se réfugie à Bouillac (Tarn-et-Garonne), dans la maison de campagne d’un médecin, et y demeure quelques mois avec sa mère.  Les deux femmes rentrent à Toulouse lorsqu’elles apprennent la libération de la ville. Suzanne travaille alors au Mouvement de Libération nationale (MLN). Lorsque son mari débarque à Marseille en août 1944, elle parvient à le rejoindre à Lyon. Le couple s’installe à Bourges, où le mari a été nommé à la pyrotechnie, et y demeure jusqu’à l’armistice.

    Gilbert Dreyfus fait par la suite une brillante carrière d’ingénieur. Il participe à la construction de nombreuses infrastructures de communication, comme l’autoroute du Sud, le pont d’Ivry ou encore l’aéroport de Roissy.  Le couple donne naissance à trois enfants, Michel (1946), Nicolas (1947) et Barbara (1948).

    L’interview a été réalisée à Paris le 12 octobre 1995. L’interviewer était Rafael Lewandowski et le caméraman Philippe Auliac.

  • Pierre Grinberg

    Language: French

    Dans cet extrait, Pierre Grinberg raconte son action résistante dans Lyon libéré, au Bureau aux questions juives. Il explique en outre comment il a pu stopper certains excès que s’apprêtaient à commettre des habitants.

    Pierre (né Abraham) Grinberg est né à Varsovie (Empire russe, actuelle Pologne) le 16 février 1910 dans une famille juive. Il a six sœurs et trois frères. Son père, religieux, est commerçant. Pierre fréquente une école juive. En 1929, le jeune homme décide de quitter la Pologne où sévit l’antisémitisme pour venir en France.

    En France, il obtient son certificat d’études physiques, chimiques et biologiques (PCB) à Reims et s’inscrit en médecine à Paris. Il achève ses études en 1937. De leur côté, ses parents quittent la Pologne pour la Palestine vers 1935.

    Président d’une association d’étudiants juifs, il quitte Paris avant l’arrivée des Allemands en juin 1940. Son projet, avec  quelques camarades, de rejoindre les colonies d’Afrique de l’Ouest pour y devenir médecin échoue alors qu’il se trouve à Bordeaux, prêt à embarquer. Il s’installe à Toulouse puis à Montpellier début 1941 où il commence à se livrer à des activités de Résistance, notamment de la récupération d’armes. Fin 1941, il se rapproche du parti communiste qui s’est engagé dans la lutte armée. Il agit également au sein de Œuvre de secours aux enfants (OSE). Il part ensuite pour Grenoble, en 1943, où il prend contact avec la Résistance. Il fait partie d’un groupement qui effectue des activités de propagande et aide au sauvetage des Juifs. Il doit notamment trouver des refuges pour placer les enfants.

    À l’été 1943, il quitte Grenoble pour Lyon. Pour des raisons de sécurité, il y vit séparé de sa femme Anna, rencontrée quelques temps auparavant. Il entre au Mouvement national contre le racisme (MNCR) où il s’occupe de la presse clandestine du mouvement mais aussi, activement, au placement d’une centaine d’enfants. Il prend alors le pseudonyme de « Pierre »  prénom qu’il conservera. Au moment de la libération de Lyon, il reçoit la mission d’occuper le Bureau aux questions juives.

    Après la guerre, il rentre à Paris et s’installe à Montreuil. Avec d’autres camarades juifs, il forme un groupe pour réclamer le droit d’exercer à nouveau la médecine après l’interdiction consécutive aux lois de Vichy. Pierre Grinberg devient médecin. Il va notamment aider à l’accueil des déportés et administrer des maisons d’enfants. Pierre et Anna Grinberg ont eu un fils, Guy.

    L’interview a été réalisée à Paris le 9 octobre 1996. L’interviewer était Philippe Stroun et le caméraman Philippe Auliac.

  • Pierre Juresco

    Language: French

    Dans cet extrait, Pierre Juresco raconte les combats pour la libération de Romans-sur-Isère et la libération de Lyon. Il explique le passage de la clandestinité à l’armée officielle et la poursuite de la guerre en Alsace. Il évoque enfin son retour au lycée et son sentiment de déphasage par rapport à ses camarades de classe.

    Pierre Juresco est né à Paris le 29 octobre 1927. Son père Alexandre est originaire de Roumanie. Sa mère Renée a une double origine ukrainienne et autrichienne. Pierre, sa sœur Janine et leurs parents vivent à Courbevoie (Seine-et-Oise) dans l’avant-guerre et connaissent quelques difficultés avec la crise économique des années 1930. Très soucieuse de son assimilation, la famille se tient à distance du judaïsme. Pierre fréquente le lycée parisien Condorcet.

    Au moment de l’invasion allemande, la famille participe à l’exode et atterrit à Pau, avant de s’installer à Nice en 1941. L’oncle de Pierre, le célèbre graphiste Marcel Jacno, refait les cartes d’identité de chaque membre de la famille en ôtant la mention « Juif ». Pierre entre dans le mouvement de résistance Combat pour lequel il effectue notamment du repérage d’installations militaires sur la côte. Au moment des rafles allemandes, il travaille pour l’Union générale des israélites de France (UGIF) au placement d’enfants dont les parents ont été déportés. Il entre par ailleurs aux Compagnons de France, grâce à l’uniforme desquels il quitte Nice et rejoint le maquis du Vercors à l’été 1943. Il y fait venir ses parents et sa sœur. Il s’y entraîne militairement et participe à des attaques de convois allemands.

    Au moment de l’attaque du maquis par les Allemands en juillet 1944, il se cache pendant quinze jours dans la forêt. Il participe à la libération de Romans et de Lyon. Sa sœur a pour sa part rejoint le mouvement Ceux de la Résistance à Paris.

    De retour à Paris, Pierre Juresco reprend temporairement ses études aux lycée Turgot avant de suivre une formation en joaillerie. C’est toutefois vers la vente dans les grands magasins qu’il se tourne. Il entre aux Galeries Lafayette à Casablanca (Maroc) où il reste deux ans. Par la suite, il dirige un Monoprix en Normandie puis fait carrière aux Nouvelles Galeries où il occupe différents postes de direction.

    Dans la période de l’après-guerre, Pierre Juresco s’est marié et a eu deux filles, Corinne et Ariane.

    L’interview a été réalisée à Paris le 3 novembre 1995. L’interviewer était Myriam Anissimov et le caméraman Gilmer Pozo.

  • Max Jussmann

    Language: French

    Dans cet extrait, Max Jussmann relate la libération d’Auch (Gers) et les combats à l’Isle-Jourdain au sein du Bataillon Georges. Il rend hommage à l’engagement des étrangers dans les combats de la Libération.

    Max Jussmann est né à Paris le 15 juillet 1922 d’un père d’origine russo-polonais et d’une mère originaire de Lettonie, tous deux naturalisés français. Les parents sont commerçants. Enfant unique, Max fréquente le lycée Charlemagne à Paris. L’activité professionnelle des parents garantit un certain confort à la famille, toutefois brutalement remis en cause par la crise économiques des années 1930.

    Au moment de la déclaration de guerre, le père de Max est mobilisé à la poudrerie de Bourges. La famille se reconstitue à Cannes, en zone italienne, après l’exode et la défaite française. Là, Max est inscrit en faculté de philosophie. En 1942, ne pouvant plus reculer devant les injonctions des autorités de Vichy qui le somment de rejoindre les chantiers de la Jeunesse, il se rapproche de la Résistance. Pourvu d’une fausse identité, il est envoyé en Corse où il passe six semaines dans un camp d’entraînement.

    Il assure la rentrée scolaire de septembre 1943 en tant que professeur et surveillant à l’institution Montaigne, à Vence, au nord de Nice. Dénoncé par un élève, il doit s’enfuir et obtient une place de secrétaire général à la chambre de commerce du Gers après un entretien dans une Maison du prisonnier où il s’est inventé un parcours de prisonnier de guerre. Par le biais du président de la chambre, un résistant du mouvement des Francs-tireurs et partisans (FTP), Max effectue des activités de renseignement et de boîte aux lettres.

    Il finit par rejoindre le maquis et participe à la libération d’Auch le 19 août 1944. Il s’engage ensuite dans les Force française de l’Intérieur (FFI) pour la durée de la guerre. Après avoir participé à l’occupation de l’Allemagne vaincue, il est démobilisé.

    Après la guerre, il fait une licence d’espagnol qui lui permet d’être recruté par le lycée français de Montevideo. Il travaille ensuite une année à La Paz (Bolivie) avant de rentrer en France où il fera toute sa carrière dans le domaine de la chimie.

    Max Jussmann s’est marié avec Marie Beauvillain, avec laquelle il a eu deux enfants.

    L’interview a été réalisée à Fontenay-sous-Bois le 20 février 1998. L’interviewer était Laurent Aknin et le caméraman Philippe Auliac.

  • Henri Heller

    Language: French

    Dans cet extrait, Henri Heller évoque les combats de la Libération dans l’armée française, dans les Vosges, à l’automne 1944. Il raconte la dissolution de son unité composée d’étrangers.

    Henri Heller est né le 16 février 1922 à Tyczyn (Pologne). Son père Abraham est maquignon, sa mère, Chaja, sans profession. Tous deux pratiquent la religion juive. En 1926, ils choisissent de quitter la Pologne pour fuir  l’antisémitisme. La famille s’installe d’abord à Herserange (Meurthe-et-Moselle). Le père d’Henri vend des vêtements aux mineurs. Inscrit à l’école, Henri parle parfaitement le français au bout de quelques mois. En 1929, la famille part s’installer en région parisienne. Abraham devient manœuvre dans une usine de chimie près de Pontoise, puis marchand forain. Henri est scolarisé dans une école publique. Un directeur d’école lui fait obtenir sa naturalisation française et, par contre coup, celle de ses parents et de son frère Jacob, de trois ans son cadet. À Pontoise, sa mère fait office d’écrivain publique pour l’ensemble de la communauté juive. De 1936 à 1938, Henri est inscrit à l’école Maimonide de Boulogne-Billancourt. Il est aussi membre des Éclaireurs israélite de France (EIF). Après avoir obtenu son brevet élémentaire, il entre à l’École normale israélite orientale pour se destiner à la formation des enseignants dans les pays francophones.

    La guerre modifie ses plans. Jusqu’en juin 1940, il travaille au tri postal, à la gare du Nord. À l’automne 1940, la famille se fait recenser et le tampon « Juif » est apposé sur les cartes d’identité. En 1941, Henri est pris en charge par le Comité Sully qui envoie à la campagne de jeunes parisiens. Il réside au château de Mézière, à Lunay (Loir-et-Cher), et travaille chez les paysans. Il rend souvent visite à ses parents qu’il approvisionne en denrées. De santé fragile, Jacob a quant à lui été envoyé en zone Sud.

    En juin 1942, Henri franchit la ligne de démarcation et rejoint le centre des EIF à Moissac. Il est incorporé dans les Chantiers de la Jeunesse, dans l’Ariège, et effectue du bûcheronnage. Ses parents passent à cette même époque en zone Sud. Ils sont inscrits en tant que réfugiés à la mairie de Moissac. Son père rend des services aux paysans pour lesquels il confectionne des chaussures et des outils. Son frère travaille au centre des EIF de Moissac et participe au placement d’enfants. La famille est dotée de faux-papiers.

    En juin 1944, après le Débarquement des Alliés, Henri rejoint le maquis de Vabre. Il fait partie de la compagnie Marc Haguenau de la « Sixième » (EIF), sous les ordres de Robert Gamzon. Il y reçoit une instruction militaire et aide à la réception de parachutages d’armes effectués par les Anglais. Le 19 août 1944, il participe à l’attaque victorieuse d’un train allemand qui transporte des canons. À Castres, sous la direction de Dunoyer de Segonzac, son groupe obtient la reddition de l’occupant allemand qui domine pourtant en nombre.

    Par la suite, il est intégré dans l’armée officielle, rattaché à la 4ème Division nord-africaine, et combat dans la forêt des Vosges. Fin octobre 1944, son unité, composée d’étrangers, est dissoute. Il rejoint le centre de Moissac où il enseigne les mathématiques. Sur place, il retrouve ses parents. Quant à son frère, il part s’établir en Palestine.

    En 1951, Henri Heller s’est marié . Henri et Sarah ont eu deux enfants qui ont reçu une éducation juive.

    L’interview a été réalisée à Issy-les-Moulineaux le 16 août 1996. L’interviewer était Rafael Lewandowski et le caméraman Philippe Auliac.

  • Reine Klotz

    Language: French

    Dans cet extrait, Reine Klotz raconte son retour à Paris après la Libération et son travail au ministère de la Guerre, consistant à régulariser la situation de milliers de résistantes.

    De son nom de jeune fille Lévy-Valensi, Reine Klotz est née à Paris le 26 avril 1913, dans une famille juive implantée de longue date en France. Elle a deux sœurs jumelles plus jeunes. Son père Joseph  est professeur de médecine, mutilé de la Première Guerre mondiale. Reine évolue dans un milieu très assimilé où elle conserve toutefois son identité juive. Elle se marie avec Henri-Pierre Klotz en 1933 et donne naissance en 1934 à une petite fille, Liliane. Pendant la Drôle de guerre, elle travaille dans un hôpital.

    Sous l’Occupation, les lois antijuives l’empêchent de se présenter au concours de chef de service dans l'Assistance publique. Son mari perd son poste et rejoint sa maison de famille, à Marseille. Depuis Paris, Reine lui envoie Liliane. En décembre 1941, elle finit par rejoindre elle-même la zone Sud.

    Active dans la Résistance, elle est arrêtée le 16 juillet 1942, alors qu’elle tente de franchir la ligne de démarcation. Rapidement relâchée, elle s’installe à Marseille puis part à Nice avec ses proches où la famille vit sous un faux-nom. C’est au cours de ce séjour que son père est arrêté en gare de Nice par les Allemands. Transféré à Drancy, il sera déporté à Auschwitz, par le convoi du 20 novembre 1943, où il périra. Henri-Pierre rejoint le maquis de la Drôme. Il devient par la suite directeur adjoint du Comité militaire de la zone Sud, à Lyon. Reine y est agent de liaison. Lorsque le mouvement de résistance les envoie à Toulouse, Liliane est cachée dans un village près d’Albi.

    Après la Libération, la famille rentre à Paris. Reine retrouve sa mère et ses deux sœurs qui ont survécu. Reine Klotz se trouve à la tête des Auxiliaires féminines de l’armée de terre (AFAT) et doit affecter dans des hôpitaux militaires ou dans des unités combattantes des milliers de femmes sorties de la clandestinité.

    Après 1945, Reine Klotz exerce la profession d’endocrinologue. Sa deuxième fille, Martine, naît en 1948.

    L’interview a été réalisée à Paris le 31 janvier 1996. L’interviewer était Maya Poirson et le caméraman Humberto Flores.

  • Marcel Kuchman

    Language: French

    Dans cet extrait, Marcel Kuchman raconte l’action menée par son maquis contre les Allemands à Tulle. Il évoque la répression des résistants par la division Das Reich à Tulle et à Oradour-sur-Glane, et celle menée au Mont-Mouchet et dans le Vercors.

    Marcel Kuchman est né le 8 janvier 1923 à Varsovie (Pologne). Il a un frère aîné, Jean, et un frère cadet, Georges. Son père Bernard exerce la profession de boulanger. Il grandit dans un milieu populaire, bien intégré, et fréquente les réunions du parti communiste.

    Sous l’Occupation, la boulangerie est aryanisée et la famille recensée. Le 20 août 1941, Marcel Kuchman est arrêté avec son père et son frère Jean. Internés à Drancy, les deux frères sont relâchés début novembre 1941 alors que leur père sera déporté par le 3ème convoi du 22 juin 1942, à destination d’Auschwitz.

    La mère et le plus jeune frère de Marcel sont arrêtés lors de la rafle du Vel d’Hiv en juillet 1942. Son frère aîné se trouve alors en province. Marcel, qui n’a pas dormi chez lui, échappe pour sa part à la rafle. Il découd son étoile, change d’identité et quitte la banlieue parisienne pour la zone Sud, pourvu d’une attestation d’appartenance aux Jeunes du Maréchal.

    Sa cavale le pousse à intégrer différentes écoles de cadres, puis l’Armée d’armistice, avant qu’il ne rejoigne le maquis de Corrèze. Agent de liaison, il traque les gestapistes et les miliciens, et participe à des actions de sabotage. Il combat contre la division Das Reich et est témoin de son action répressive à Tulle. Blessé à la cheville le 1er août 1944, il doit cesser de combattre. Remis sur pied, il se rend à Paris en octobre 1944 où il travaille au IVème Bureau du ministère de la Guerre, jusqu’à l’armistice.

    Dans l’après-guerre, il travaille dans le secteur des vêtements de travail. Il se marie en 1950.

    L’interview a été réalisée à Paris le 13 octobre 1995. L’interviewer était Danielle Letitchewsky et le caméraman Gilmer Pozo.

  • Denise Lévy

    Language: French

    Dans cet extrait, Denise Lévy raconte les difficultés matérielles qu’elle rencontre après la Libération lorsqu’elle se réinstalle à Paris avec ses parents.

    Denise Lévy est née le 10 août 1913 à Paris d’un père alsacien et d’une mère lorraine. Son père, marchand de chaussures, est un ancien combattant de la Première Guerre mondiale. Vers l’âge de 14 ans, Denise entre aux Éclaireurs israélites de France (EIF). En 1937, elle obtient son diplôme de pharmacienne. Pendant la Drôle de guerre, elle est recrutée par le ministère de l’armement. À la suite de l’avance allemande, le laboratoire où elle travaille est déplacé à Montauban.

    Sous l’Occupation, Denise Lévy reste en contact étroit avec la maison d’enfants de Moissac administrée par les EIF. En décembre 1941, elle doit renoncer en tant que juive à travailler pour le ministère de l’armement. Elle résiste au sein de la branche clandestine des Éclaireurs, la « Sixième». Elle aide à cacher des enfants et des adolescents menacés d’arrestation, fournit des faux-papiers, surveille les camps de louveteaux… Pourvue de fausses identités, elle effectue de nombreux déplacements dont quelques-uns à Paris où ses parents sont demeurés à leur domicile.

    Denise Lévy se trouve à Toulouse au moment de la Libération. Elle retourne à Paris où elle se réinstalle avec ses parents. Elle œuvre à récupérer les enfants qui ont été placés et les oriente vers des structures d’accueil ceux dont les parents ne sont pas revenus des camps.

    Elle retravaille un temps au laboratoire de l’armement, termine sa licence de sciences avant d’être recrutée par le CNRS où elle demeurera jusqu’à sa retraite. 

    L’interview a été réalisée à Paris le 29 janvier 1996. L’interviewer était Hélène Levy-Wand Polak et le caméraman Gilmer Pozo.

  • Bernard Teperman

    Language: French

    Dans cet extrait, Bernard Teperman raconte comment il s’est installé place Guichard avec son groupe franc au moment de la libération de Lyon. Là, il reçoit des dénonciations de collaborateurs, procède à des enquêtes et à l’élimination des coupables.

    Bernard Teperman est né à Paris le 17 janvier 1913 de parents originaires de l’Est de l’Europe. La famille s’installe à Lyon au début des années 1920. Avec son frère cadet Maurice, Bernard grandit dans un environnement familial politiquement ancré à gauche. En 1934, Bernard épouse une jeune femme communiste qui a fui le Reich et le couple donne naissance a une petite fille, Colette. Bernard milite au parti communiste et à la Ligue internationale contre l’antisémitisme (LICA) : à plusieurs reprises, il affronte les militants d’extrême droite dans les rues de Lyon.

    Mobilisé en septembre 1939 sur les bords du Rhin, il est rapatrié par train au moment de la débâcle en 1940. Avec quelques amis, il entreprend de se livrer à des activités de résistance. Diffusant d’abord de la propagande, il participe par la suite à la lutte armée contre les troupes allemandes et à des actions de sabotage. Il agit alors sous la direction des Mouvements unis de la Résistance (MUR). De leur côté, le père et la femme de Bernard travaillent au sein de l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (UJRE) à cacher des enfants juifs. La petite Colette est ainsi mise à l’abri dans le bourg d’Aigueperse (Rhône). Le 9 juillet 1944, la mère et la tante de Bernard sont arrêtées par la Gestapo. Son père échappe à l’arrestation. Les deux femmes seront déportées à Auschwitz d’où elles ne reviendront pas.

    Au printemps 1944, Bernard quitte Lyon pour rejoindre le maquis de Charavines (Isère). Il procède à l’équipement téléphonique de la zone. C’est là qu’il accueille l’avant-garde de l’armée américaine en août 1944. Il participe aux combats des silos de Bourgoin, le 23 août 1944, qui se solde par la capitulation d’une garnison allemande. Il rejoint ensuite Lyon où il s’installe avec ses hommes dans une école place Guichard. Il mène alors une série d’actions d’épuration contre les collaborateurs. Envoyé par la suite dans un bataillon de l’armée française, il procède à l’instruction de jeunes recrues. Démobilisé en mars 1945, il retourne à la vie civile et monte une affaire de soierie.

    Bernard Teperman a relaté ses souvenirs dans Passé décomposé (Éditions du Losange, 1998).

    L’interview a été réalisée à Lyon le 7 juillet 1996. L’interviewer était Gérard Darcueil et le caméraman Denis Cugnod.

  • Frida Wattenberg

    Language: French

    Dans cet extrait, Frida Wattenberg raconte comment elle fut envoyée à Clermont-Ferrand par la Résistance. Là, elle dut récupérer le fichier des Juifs au Bureau des questions juives de la ville.

    Frida Wattenberg est née à Paris le 7 avril 1924. Son père, Hersch Smiétanski, est originaire de Blaski et sa mère, Alta Wattenberg, de Tomasow Mazowiec, deux villes de la région de Lodz (Pologne). Frida reçoit le nom de sa mère car au moment de sa naissance, son père avait été expulsé de France. Ses parents se séparent quand elle n'a que cinq ans. Elle vit auprès de sa mère avec son frère Maurice.

    Lors de la déclaration de guerre en 1939, Frida est envoyée dans un pensionnat à Poitiers.

    En 1940, elle retourne à Paris et entre en résistance en diffusant des tracts gaullistes au lycée Victor Hugo où elle effectue sa scolarité.  Elle travaille par la suite à l'Œuvre de Secours aux Enfants (OSE) qui vient en aide aux enfants démunis. La mère de Frida est arrêtée lors de la rafle du Vélodrome d'Hiver, le 16 juillet 1942, et emmenée à Drancy.  Frida parvient à obtenir sa libération en prouvant que sa mère travaillait dans un atelier fournissant des vêtements à l'armée allemande.  Grâce à l'intervention de son filleul de guerre, Roger Gemmeron, Alta rejoint Lhommaizé (Vienne), en zone non occupée, où elle va séjourner près de deux ans. En juillet 1943, Frida quitte Paris pour Grenoble et rejoint la résistance juive. Son action couvre Grenoble, Toulouse et Nice, où elle se livre à des activités de résistance.  Son frère Maurice, qui l'a accompagné à Grenoble, monte au maquis Bleu Blanc de l'Armée juive.

    En 1944, après la Libération, Frida retourne à Paris où elle retrouve sa mère et son frère. Étudiante en psychologie, elle travaille à l'Œuvre de protection des enfants juifs (OPEJ), une organisation qui prend en charge les enfants dont les parents ont disparu en déportation.  En 1947, elle rejoint la Palestine, à la veille de la création de l'Etat d'Israël.  Elle y devient infirmière, puis enseignante spécialisée. Elle y rencontre en outre Marcel Rudman, qu'elle épouse, et avec lequel elle a deux enfants, Amnon and Anita.  En 1953, la famille part s'installer à Paris. Frida devient plus tard la secrétaire générale d'une association de rescapés, "Mémoire Juive de Paris". Au moment de l'interview, elle est la grand-mère de deux petits enfants.

    L’interview a été menée à Paris le 28 juillet 1995. L’interviewer était Peggy Frankston, le caméraman Gilmer Pozo.

  • Denise Weill

    Language: French

    Dans cet extrait, Denise Weill raconte l’arrestation des enfants de la rue Vauquelin, en juillet 1944. Elle évoque la fin de la guerre, l’inquiétude pour ses proches et la peur du bombardement du 26 août 1944, au lendemain de la libération de Paris.

    De son nom de jeune fille Lefschetz, Denise Weill est née à Paris le 6 octobre 1926. Enfant unique, fille d’une mère juive et d’un père non juif, elle grandit dans une famille de militants socialistes. À l’âge de dix ans, elle entre aux Éclaireurs israélites de France (EIF). Éloignée de Paris pendant la Drôle de guerre et au moment de l’invasion allemande, elle retourne à Paris en septembre 1940.

    Pendant l’Occupation, elle travaille aux côtés des EIF et encadre divers groupes d’enfants. Elle est ainsi affectée à la maison de la rue Vauquelin, foyer de l’Union générale des israélites de France  (UGIF). Au moment de la rafle du Vel d’Hiv des 16 et 17 juillet 1942, elle est chargée de rechercher les enfants restés seuls.  Les jeunes pensionnaires de la maison de la rue Vauquelin sont arrêtés dans la nuit du 21 au 22 juillet 1944 et déportés par le convoi 77 à destination d’Auschwitz.

    Après la guerre, Denise commence des études de psychologie et travaille au service social des éclaireurs israélites en tant que psychologue. Par la suite, elle se marie et devient psychanalyste. En 1957, elle crée l’association « Jeune Atelier » qui donnera naissance au Centre de Réadaptation Psychothérapeutique (CEREP) en 1964.

    Mariée après la guerre, Denise Weill avait cinq petits-enfants au moment de l’interview.

    L’interview a été réalisée à Paris le 10 mai 1996. L’interviewer était Jacky Assoun et le caméraman Sylvian Rigollot.

  • Victor Zigelman

    Language: French

    Dans cet extrait, Victor Zigelman évoque son engagement dans les FFI après la Libération de Paris. Il raconte les entraînements militaires, son désir de combattre et l’attente vaine, pendant un an, pour partir au front.

    Victor Zigelman est né le 10 juin 1926 à Paris. Il grandit dans un milieu modeste, entouré de ses parents, des Juifs d’origine polonaise. Son père, Isidore Zigelman, membre d’une organisation syndicale communiste, l’emmène à des meetings politiques. En septembre 1939, son père est mobilisé. Réfugié avec sa mère Cyla et sa sœur Jacqueline dans l’Yonne, Victor y croise les premiers chars allemands. Quelque temps après, la famille rentre à Paris et tente de reprendre une vie normale.

    Victor entre dans la résistance communiste en 1941 et se livre à des activités de propagande et de représailles contre des collaborateurs. Son père est arrêté au cours de la rafle du 20 août 1941 et envoyé au camp de Drancy. Par le premier convoi du 27 mars 1942, il est déporté à Auschwitz d’où il ne reviendra pas.

    Victor Zigelman poursuit ses activités de résistance sous une fausse identité. Il recrute des militants, exerce des filatures et diffuse la propagande du parti communiste. À la suite d’un coup de filet de la police, en mars 1943, il doit se mettre en retrait. En juin 1944, il reprend contact avec ses camarades. Après la Libération de Paris, il retrouve sa mère, ainsi que sa sœur Jacqueline, qui a été cachée en province.

    Par la suite, il s’engage dans les Forces françaises de l’Intérieur (FFI) à la caserne de Reuilly et intègre la compagnie Rayman. Il n’est toutefois pas envoyé au front.

    Après la guerre, il entre dans la confection puis devient maquettiste dans l’imprimerie. Il termine sa carrière au journal France Soir qu’il quitte en 1984.

    Il reste lié au parti communiste jusqu’en 1953 mais s’en éloigne par la suite en raison de l’antisémitisme du régime soviétique.

    L’interview a été réalisée à Paris le 24 octobre 1995. L’interviewer était Philippe Stroun et le caméraman Daniel Cattan.