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Dans cet extrait, Simone Veil parle de l’épuisement psychique et physique des déportés au moment de leur libération. Elle explique comment elle en prit conscience véritablement à travers les yeux des libérateurs anglais du camp de Bergen-Belsen.

Née Jacob, Simone Veil a vu le jour à Nice le 13 juillet 1927. Son père, André Veil, est architecte. Il épouse Yvonne Steinmetz en 1922. Simone a deux sœurs, Denise et Madeleine, et un frère Jean. Membre des Éclaireurs israélites de France, elle a conscience d’être juive, sans que ses parents n’entretiennent de liens particuliers à la religion.

Au moment de la déclaration de guerre de l’Italie à la France, les Jacob rejoignent temporairement de la famille à Carcassonne, avant de se réinstaller à nouveau à Nice où Simone poursuit sa scolarité au lycée. À partir de septembre 1943, la situation se durcit quand l’occupation allemande se substitue à l’occupation italienne.

Denise, qui participait à un camp d’éclaireuses, décide de ne pas rentrer à Nice et rejoint la Résistance à Lyon. Elle sera arrêtée l’année suivante et déportée au camp de Ravensbrück, d’où elle reviendra. Face au danger, Simone cesse de se rendre au lycée et emménage par sécurité chez son professeur de Lettres classique. Sa sœur Madeleine est placée chez des voisins. Ses parents et son frère s’installent chez un collègue de son père. Ce dernier a pu procurer de fausses cartes d’identité, sans le tampon « Juif », à toute la famille.

En mars 1944, à la suite d’un contrôle d’identité les Jacob sont arrêtés. Retenus pendant près d’une semaine à l’Hôtel Excelsior de Nice, quartier général allemand, les Jacob sont transférés par la suite au camp de Drancy. Simone est déportée avec sa mère et sa sœur par le convoi du 13 avril 1944 à destination d’Auschwitz. Son frère et son père sont déportés par le convoi du 15 mai 1944 en direction de la Lituanie, où ils disparaissent.

Arrivées le 15 avril à Auschwitz, Yvonne Jacob et ses deux filles sont placées en quarantaine avant d’être affectées dans un Kommando. Elles sont par la suite transférées au camp de Bobrek, à quelques kilomètres de Birkenau, et travaillent dans une usine.

En janvier 1945 survient l’évacuation du camp. La marche de la mort les mène au camp de Gleiwitz. Elles rejoignent ensuite le camp de Bergen-Belsen où sévit une épouvantable épidémie de typhus et dont Yvonne Jacob décède à la veille de la libération du camp par les forces Britanniques, le 15 avril 1945.

Avec sa sœur, Simone rejoint la frontière française en camion avant de prendre le train pour Paris où elles arrivent le 23 mai.

Au lendemain de la guerre, Simone poursuit des études de droit. Elle épouse Antoine Veil en 1946. D’abord avocate, elle entre par la suite dans la magistrature. Elle devient ministre de la Santé en mai 1974 et fait adopter la « loi Veil », en janvier 1975, qui dépénalise le recours à l’interruption volontaire de grosses (IVG). De 1979 à 1982, elle préside le Parlement européen. Elle devient ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville en mars 1993. Elle siège au Conseil constitutionnel de 1998 à 2007. Elle est élue à l’Académie française le 20 novembre 2008.

Simone Veil a publié ses mémoires dans un ouvrage intitulé Une Vie (Stock, 2007). Elle raconte son parcours pendant la guerre dans Une jeunesse au temps de la Shoah (Le Livre de Poche, 2010).

L’interview a été réalisée à Paris le 7 mars 1997. L’intervieweuse était Malka Marcovich et le caméraman Philippe Auliac.

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