Dans cet extrait, Jean-Louis Steinberg raconte comment il est entré au parti communiste clandestin et a participé à la fabrication et à la diffusion de tracts.
Jean-Louis Steinberg est né le 7 juin 1922 à Paris. Ses parents, Germain et Germaine (née Israel), sont commerçants et ont deux autres fils, Claude et Michel. À partir de 1936, Jean-Louis découvre le camping avec le mouvement des Auberges de jeunesse. Il campe à Annecy au moment de la déclaration de guerre ; il rejoint vite sa famille à Paris avant de partir se réfugier avec elle en Touraine. Après un court séjour sur place, la famille Steinberg rentre à Paris.
Sous l’Occupation, Jean-Louis poursuit ses études universitaires tout en se livrant, à partir de 1941, à des activités de propagande pour le parti communiste clandestin. En 1943, il passe une thèse de docteur ingénieur et travaille dans le laboratoire d’Yves Rocard. En juin 1944, il est arrêté avec ses parents et l’un de ses frères à son domicile. Son plus jeune frère, alors caché dans une ferme en Normandie, échappe à la rafle. Emmenés à Drancy, les Steinberg sont déportés quelques jours plus tard à Auschwitz-Birkenau. Germaine, sa mère, est gazée à l’arrivée alors que Jean-Louis est affecté avec son père et son frère au camp de Monowitz-Buna (Auschwitz III) où ils effectuent au sein de Kommandos des travaux de terrassement. Son père et son frère ne survivent pas à la dureté des conditions d’existence.
Le 18 janvier 1945, le camp est évacué et Jean-Louis participe à une marche forcée qui le mène au camp de Buchenwald. Dans un état de santé précaire, il est admis à l’hôpital du camp où il demeure jusqu’à la libération du camp par les forces armées américaines. Rapatrié en France par avion, il s’installe à Paris.
Jean-Louis récupère l’appartement de la famille et retrouve son jeune frère qui a survécu aux événements. Il renoue également avec Madeleine, une amie britannique de l’avant-guerre, qui fut internée au camp de Vittel durant la guerre, avec laquelle il s’établit et se marie. Il débute une carrière scientifique sous la direction d’Yves Rocard et effectue une thèse dans le domaine de la radio astronomie. Plus tard, Jean-Louis Steinberg et sa femme participent activement à la transmission de leurs expériences respectives aux jeunes générations.
L’interview a été menée à Paris le 31 octobre 1995. L’interviewer était Raphaël Lewandowski et le caméraman Mark Niedelson.