Dans cet extrait, Jules Fainzang raconte la difficulté de tenir, moralement, au camp de Laurahütte, et le réconfort qu’apporta un soir, aux déportés, la musique d’un violoniste.
Jules Fainzang est né à Varsovie le 18 mai 1922, de parents juifs hassidiques. Son père, Meilech, vend des articles textiles. Sa mère, Ides, fait de la broderie à domicile. Jules est l’aîné d’une fratrie de cinq enfants. La famille s’installe temporairement en Palestine vers 1925, où elle ne demeure qu’un temps, en raison d’un climat difficile pour les enfants. Elle s’établit ensuite en Belgique, à Anvers, en 1927.
À 14 ans, Jules entre dans une école technique. Il travaille quotidiennement dans des garages pour apporter un pécule à sa famille. Sa mère tient une mercerie. L’éducation de Jules est assez peu religieuse. Il fréquente une organisation sioniste.
Au moment de l’invasion de la Belgique, le 10 mai 1940, les Fainzang rejoignent la France. En mars 1942, des gendarmes arrêtent Jules, son père et l’un de ses frères. Tous les trois sont internés au camp de Septfonds (Tarn-et-Garonne). Meilech et sa femme, arrêtée à son tour, mourront en déportation. Les autres frères et sœurs de Jules demeureront cachés à Moissac jusqu’à la fin de la guerre.
Vers la fin du mois d’août 1942, Jules Fainzang est transféré au camp de Drancy. Il est déporté le 28 août 1942 à destination d’Auschwitz. Le train s’arrête à Cosel, avant Auschwitz, et débarque une partie des hommes dont Jules, qui est emmené au camp de Sakrau. Là, il travaille dans une forgerie. Par la suite, il est transféré au camp de Laurahütte (Haute-Silésie), camp satellite de Auschwitz, et affecté dans une usine de métallurgie. Il sympathise avec le médecin du camp, « Max », qu’il assiste dans différentes tâches.
Transféré au camp de Blechhammer en avril 1943, il aide là-aussi le médecin de l’infirmerie dans son travail.
Au moment de l’évacuation du camp, en janvier 1945, Jules effectue une marche de douze jours aux côtés de son ami Walter Spitzer (voir son témoignage), qui le mène au camp de Gross Rosen. Évacués à nouveau, Jules et Walter sont embarqués dans un train qui les emmène au camp de Buchenwald.
Ils échappent à une exécution le 8 avril 1945 en demeurant cachés dans une cave pendant deux jours. Lors d’une nouvelle évacuation, le train qui les transporte est bombardé. Ils en profitent pour s’échapper et rencontrent en cette occasion des soldats américains. Ils accompagnent un temps leurs libérateurs sous uniforme américain.
Jules finit par être rapatrié en France et atterrit à l’aéroport du Bourget, le 7 mai 1945.
Il retourne toutefois en Allemagne, désireux de ne pas laisser seul son ami Walter. Tous deux rentrent en France au mois de juin.
Après quelques temps passés à Moissac puis à Agen, Jules Fainzang rentre à Paris et se met à travailler dans une entreprise d’électricité. Il rencontre sa femme, Paulette, avec laquelle il se marie en 1948. Le couple aura deux enfants.
Ses activités politiques, liées au Parti communiste, valent à Jules, toujours de nationalité polonaise, d’être expulsé de France. Il s’installe à Varsovie, en famille, où il devient technicien à la radio polonaise.
Rapidement déçus par le communisme, les Fainzang ne parviennent à rentrer en France qu’en 1960. Jules devient réparateur de radios. En 1961, il ouvre des magasins de vente de radios et de télévisions, en région parisienne.
Jules Fainzang a été interviewé le 3 juillet 1995 à Saint-Maur (Val-de-Marne) par Peggy Frankston.
Language: French
Dans cet extrait, Jules Fainzang raconte la difficulté de tenir, moralement, au camp de Laurahütte, et le réconfort qu’apporta un soir, aux déportés, la musique d’un violoniste.
Jules Fainzang est né à Varsovie le 18 mai 1922, de parents juifs hassidiques. Son père, Meilech, vend des articles textiles. Sa mère, Ides, fait de la broderie à domicile. Jules est l’aîné d’une fratrie de cinq enfants. La famille s’installe temporairement en Palestine vers 1925, où elle ne demeure qu’un temps, en raison d’un climat difficile pour les enfants. Elle s’établit ensuite en Belgique, à Anvers, en 1927.
À 14 ans, Jules entre dans une école technique. Il travaille quotidiennement dans des garages pour apporter un pécule à sa famille. Sa mère tient une mercerie. L’éducation de Jules est assez peu religieuse. Il fréquente une organisation sioniste.
Au moment de l’invasion de la Belgique, le 10 mai 1940, les Fainzang rejoignent la France. En mars 1942, des gendarmes arrêtent Jules, son père et l’un de ses frères. Tous les trois sont internés au camp de Septfonds (Tarn-et-Garonne). Meilech et sa femme, arrêtée à son tour, mourront en déportation. Les autres frères et sœurs de Jules demeureront cachés à Moissac jusqu’à la fin de la guerre.
Vers la fin du mois d’août 1942, Jules Fainzang est transféré au camp de Drancy. Il est déporté le 28 août 1942 à destination d’Auschwitz. Le train s’arrête à Cosel, avant Auschwitz, et débarque une partie des hommes dont Jules, qui est emmené au camp de Sakrau. Là, il travaille dans une forgerie. Par la suite, il est transféré au camp de Laurahütte (Haute-Silésie), camp satellite de Auschwitz, et affecté dans une usine de métallurgie. Il sympathise avec le médecin du camp, « Max », qu’il assiste dans différentes tâches.
Transféré au camp de Blechhammer en avril 1943, il aide là-aussi le médecin de l’infirmerie dans son travail.
Au moment de l’évacuation du camp, en janvier 1945, Jules effectue une marche de douze jours aux côtés de son ami Walter Spitzer (voir son témoignage), qui le mène au camp de Gross Rosen. Évacués à nouveau, Jules et Walter sont embarqués dans un train qui les emmène au camp de Buchenwald.
Ils échappent à une exécution le 8 avril 1945 en demeurant cachés dans une cave pendant deux jours. Lors d’une nouvelle évacuation, le train qui les transporte est bombardé. Ils en profitent pour s’échapper et rencontrent en cette occasion des soldats américains. Ils accompagnent un temps leurs libérateurs sous uniforme américain.
Jules finit par être rapatrié en France et atterrit à l’aéroport du Bourget, le 7 mai 1945.
Il retourne toutefois en Allemagne, désireux de ne pas laisser seul son ami Walter. Tous deux rentrent en France au mois de juin.
Après quelques temps passés à Moissac puis à Agen, Jules Fainzang rentre à Paris et se met à travailler dans une entreprise d’électricité. Il rencontre sa femme, Paulette, avec laquelle il se marie en 1948. Le couple aura deux enfants.
Ses activités politiques, liées au Parti communiste, valent à Jules, toujours de nationalité polonaise, d’être expulsé de France. Il s’installe à Varsovie, en famille, où il devient technicien à la radio polonaise.
Rapidement déçus par le communisme, les Fainzang ne parviennent à rentrer en France qu’en 1960. Jules devient réparateur de radios. En 1961, il ouvre des magasins de vente de radios et de télévisions, en région parisienne.
Jules Fainzang a été interviewé le 3 juillet 1995 à Saint-Maur (Val-de-Marne) par Peggy Frankston.
Language: French
Robert Francès se souvient de la place de la musique dans le quotidien des déportés au camp de Monowitz.
Robert Francès est né le 4 décembre 1919 à Bursa, en Turquie. Il est le fils d’Isaac et d’Allegra Francès. Il a une sœur. Isaac travaille dans l’industrie de la soie. Allegra, qui a fait ses études à Paris, est professeur de français et membre de l’Alliance israélite universelle.
Quelques temps après la mort d’Isaac Francès, la famille émigre à Paris, en raison de difficultés économiques. C’est au lycée de Beauvais que Robert et sa sœur font leurs études secondaires. Pendant ce temps, à Paris, Allegra Francès est couturière à domicile. Elle est aussi l’inventrice d’une ceinture orthopédique, la ceinture « Allegra »
De retour à Paris, Robert commence des études de philosophie après une expérience professionnelle infructueuse dans une entreprise. Il se passionne pour la musique, notamment celle de Johann Sebastian Bach.
Au moment de la guerre, Robert Francès et sa sœur sont évacués vers le Sud-Ouest. De nationalité turque, ils sont recensés en tant que Juifs en septembre 1940.
En novembre 1942, Robert rejoint les Francs-tireurs et partisans (FTP). Il se livre à des activités de propagande et de renseignement. Il travaille comme précepteur dans une famille, à Verrières-le-Buisson. Il se rend régulièrement dans leur ancien appartement parisien, occupé par un résistant, où il retrouve les siens. C’est là qu’il est arrêté avec sa mère, le 29 juin 1943. Tous deux sont emmenés à Fresnes. Robert y est torturé par la Gestapo.
En septembre 1943, Robert et sa mère sont envoyés au camp de Drancy. Ils y demeurent jusqu’à leur déportation, le 7 octobre 1943. Arrivés à Auschwitz le 10 octobre 1943, ils sont séparés au moment de la sélection. Allegra Francès est gazée.
Robert est envoyé au camp de Monowitz et versé dans un Kommando où il effectue des travaux de terrassement puis de peinture. La complicité du docteur Robert Waitz lui permet d’échapper à une sélection.
Une marche de plusieurs jours suit l’évacuation du camp, le 18 janvier 1945. Elle se poursuit par un voyage de neuf jours dans un train de marchandises, sans nourriture ni boisson.
Arrivé au camp de Flossenbürg, il y demeure quelques jours avant d’être déplacé, avec d’autres déportés, vers un autre camp. Le 27 avril 1945, leurs gardiens SS disparaissent. Ils sont alors pris en charge par une fermière qui les cache jusqu’à l’arrivée des forces américaines.
Le 1er juin 1945, Robert Francès atterrit à l’aéroport du Bourget. Sa sœur vient le chercher à l’hôtel Lutétia et Robert retrouve l’appartement de famille.
Il reprend ses études et passe l’agrégation de philosophie en 1946. Il épouse sa femme Simone en 1947 ( 1965). Le couple aura deux fils.
Robert Francès a raconté son expérience concentrationnaire dans un livre intitulé Intact aux yeux du monde (Hachette, 1987).
Robert Francès a été interviewé le 27 février 1996 à Paris par Hélène Lévy Wand-Polak.
Language: French
Dans cet extrait Moshe Stiland évoque les activités culturelles organisées dans le camp de Gleiwitz.
Moshe Stiland, né Stilman, a vu le jour le 20 octobre 1924 à Dabrowa Gornicza, en Pologne. Son père est grossiste en fruits. Sa mère tient un magasin de mode où l’on vend des chapeaux. Elle abandonne son travail pour aider son mari et s’occuper de ses quatre enfants, Moshe et ses trois sœurs.
Moshe fréquente l’école communale ; puis, sa mère le met à l’école juive, en raison de l’antisémitisme ambiant. Moshe et ses sœurs sont membres de mouvements sionistes.
Après l’invasion allemande, Moshe ne peut plus aller au lycée. Il se substitue à certains adultes, moyennant salaire, pour effectuer le travail obligatoire auquel ils sont astreints.
Au printemps 1941, son père est arrêté et envoyé dans un camp de travail. L’une de ses sœurs est envoyée dans une prison, à Sosnowiec.
Moshe est engagé par un ferblantier qui travaille pour les Allemands. Il devient ensuite soudeur dans une usine de Dabrowa. Il parvient à faire sortir sa sœur de prison et s’installe avec sa famille dans le ghetto de la ville.
Arrêté en janvier 1942, il parvient à s’échapper. Sa mère et l’une de ses sœurs sont arrêtées à leur tour. Elles disparaîtront à Auschwitz.
Le 31 décembre 1942, une autre de ses sœurs accouche d’une petite fille.
Le 6 mars 1943, Moshe est arrêté avec un groupe de travailleurs. Il est déporté au camp de Blechhammer, en Haute-Silésie. Quinze jours plus tard, il est orienté vers le camp de Gleiwitz II où on l’emploie comme soudeur, dans une usine allemande.
En janvier 1944, Gleiwitz est rattaché au camp d’Auschwitz et le régime se durcit.
Le 17 janvier 1945, le camp est évacué. Doté d’habits civils, Moshe parvient à sauter d’un train à wagons ouverts sur lequel ont été embarqués les déportés. Il se trouve alors en Slovaquie. Arrêté, il parvient à sympathiser avec un officier qui le fait réintégrer un convoi de déportés, sans toutefois dénoncer son évasion. Le train atteint le camp de Mauthausen. Moshe est affecté dans une usine du camp de Gusen II. Il travaille à monter des carlingues de Messerschmitt.
Les Allemands finissent par s’enfuir face à l’avance soviétique. Moshe et un camarade sortent du camp et se rendent à Linz, où ils sont hospitalisés. Près de Munich, Moshe rencontre celle qui va devenir sa femme, Thérèse, une déportée française. Tous deux arrivent en France le 29 juin 1945.
Dans l’après-guerre, Moshe effectue une carrière de soudeur. Avec son épouse, il a eu une fille.
Moshe Stiland a été interviewé le 28 février 1996 à Paris par Norbert Lipszyc.
Language: French
Dans cet extrait, Georges Casube raconte les activités théâtrales qui se déroulèrent au camp de Peiskretscham et auxquelles il participa.
Georges Casube, né Kaszub, a vu le jour à Krosniewice, en Pologne, le 15 février 1917. Sa mère, Frida, fait de la broderie ; son père, Nathan, est tailleur. Georges a un petit frère, qui décède en bas âge.
Après quatre années passées à Berlin, la famille s’installe à Paris, en 1923, dans le XVIIIe arrondissement. Georges fréquente l’école communale. À l’âge de 15 ans, Georges devient apprenti-fourreur. Il apprend ensuite le métier de coiffeur mais les lois de 1938, qui restreignent l’accès des étrangers à certaines professions, l’empêchent d’exercer ce métier. Il travaille alors aux côtés de son père, dans la confection. En 1937, il rencontre celle qui va devenir sa femme, Marcelle.
Georges Kaszub s’engage volontairement dans la légion étrangère en septembre 1939. Envoyé au camp du Barcarès (Pyrénées-Orientales), dans le 1er Régiment de marche de volontaires étrangers, il y demeure jusqu’en juin 1940, avant d’être démobilisé.
Sous l’Occupation, la boutique de son père est aryanisée. Prévenu de l’imminence d’une opération de police, en juillet 1942, les Kaszub échappent à la rafle du Vel d’Hiv en se cachant chez des amis. Peu après, ils sont arrêtés au niveau de la ligne de démarcation, alors qu’ils tentent de passer en zone Sud. Internés au camp de Pithiviers (Loiret), ils y demeurent trois semaines avant d’être déportés du camp de Drancy par le convoi du 26 août 1942.
Les hommes débarquent au camp de Cosel, avant Auschwitz, et sont orientés vers le camp de Annaberg. La mère de Georges disaparaît à Auschwitz. Avec son père, Georges est versé dans un Kommando qui construit des autoroutes. Tous deux rejoignent ensuite le camp de Peiskretscham où ils travaillent cette fois à la construction d’un nœud ferroviaire. Ils restent deux ans dans ce camp où se trouvent de nombreux Français.
En avril 1944, ils sont dirigés vers le camp de Blechhammer. Leur activité consiste essentiellement à porter des sacs de ciment. Nathan Kaszub décède de la dysenterie le 17 septembre 1944.
Lors de l’évacuation du camp, en janvier 1945, Georges Kaszub parvient à s’évader avec plusieurs compagnons. Un fermier qui les trouve dans sa grange les ramène aux Allemands en expliquant qu’ils se sont égarés. Évadés une seconde fois, ils rencontrent des soldats de la Luftwaffe qui les nourrissent et les raccompagnent au convoi de déportés. Ils arrivent finalement au camp de Gross-Rosen.
Mal accueillis par les détenus politiques communistes, ils demeurent quelques jours sur place avant d’être embarqués dans des trains partant pour Buchenwald. C’est dans ce camp que Georges est libéré, le 11 avril 1945, par les troupes américaines conduites par général Patton. Il parvient à faire prévenir sa fiancée qu’il est vivant. Emmené par camion à la frontière franco-allemande, il emprunte ensuite un train sanitaire de la Croix-Rouge française. Il arrive à Paris le 29 avril 1945.
Il retrouve des membres de sa famille après un passage par l’hôtel Lutétia.
Georges et Marcelle Casube se marient le 7 octobre 1945. Le couple donne naissance à un fils.
Georges Casube a été interviewé le 22 janvier 1996 à Paris par Phyllis Yordan-Bonny.
Language: French
Dans cet extrait, Francine Lorch interprète une chanson scout d’avant-guerre, qui était chantée au camp de Beaune-la-Rolande.
Née Christophe, Francine Lorch voit le jour le 18 août 1933. Elle est la fille de Robert Christophe et de Marcelle Nordman. Elle grandit à Paris dans une famille bourgeoise, juive et non pratiquante. Son père est historien.
Pendant la Drôle de guerre, la famille se réfugie à Nice. Après la défaite de la France, en juin 1940, elle remonte à Paris. Robert Christophe est fait prisonnier en Mayenne. Il est par la suite transféré en Allemagne.
Sous l’Occupation, la mère de Francine passe en zone Sud avec sa fille. Toutes deux sont arrêtées à La Rochefoucauld (Charente). Interrogée, la mère de Francine reconnaît qu’elles sont juives. D’abord emprisonnées à Angoulême, Francine et sa mère sont ensuite envoyées au camp de Poitiers où elles demeurent quelques jours. Transférées au camp de Drancy, elles y restent trois semaines avant d’être internées aux camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande (Loiret).
Le statut de prisonnier de guerre de Robert Christophe, réglé par la Convention de Genève, met à l’abri de la déportation, dans un premier temps, Marcelle et Francine.
Celles-ci sont toutefois transférées une nouvelle fois à Drancy, le 21 juin 1943 ; elles y demeurent un an avant d’être finalement déportées au début du mois de mai 1944. Elles embarquent en gare de l’Est, dans des trains de voyageurs, et atteignent le camp de Bergen-Belsen, le 7 mai 1944.
Évacuées en direction du camp de Teresienstadt, elles ne l’atteignent pas.
Débarquées près du village de Tröbitz, dans le Brandebourg, elles y rencontrent les troupes soviétiques. Atteintes du typhus, elles sont prises en charge.
Pendant ce temps, Robert Christophe, libéré de son camp, part à leur recherche en Allemagne. En vain. De retour à Paris, il apprend que son épouse et sa fille se trouvent à Tröbitz et part les y retrouver.
La famille est de retour à Paris le 12 juin 1945.
Dans l’après-guerre, Francine éprouve des difficultés à reprendre le cours de son existence. Elle est employée comme décoratrice au Printemps avant de travailler à son compte. Elle épouse Jean-Jacques Lorch avec lequel elle a deux enfants.
Francine Lorch a rédigé ses mémoires dans un ouvrage intitulé Une petite fille privilégiée. Une enfant dans le monde des camps, 1942-1945 (CERCIL). Ses parents, Marcelle et Robert Christophe, ont publié Le miracle de nos prisons, réédité en 1995 sous le titre Une famille dans la guerre (1940-1945).
Francine Lorch a été interviewée le 4 septembre 1995 à Rocquencourt (Yvelines) par Sabine Mamou.
Language: French
Dans cet extrait, Bella Malamoud évoque les activités culturelles auxquelles elle participait au camp de Drancy.
Née à Varsovie (Pologne), le 11 août 1926, Bella Malamoud, de son nom de jeune fille Kirman, est la fille de David Wolf Kirman et de Pessa Fajerstain. Elle a une sœur aînée, Anja, et une petite sœur, Léa.
La famille quitte la Pologne vers 1936 pour s’installer à Saint-Ouen, en banlieue parisienne. Les parents de Bella travaillent à domicile où ils fabriquent des parapluies.
De confession juive, la famille est peu pratiquante. Bella obtient son certificat d’études juste avant la guerre.
En septembre 1939, David Kirman s’engage volontairement pour la durée de la guerre.
Pessa Kirman effectue des travaux de couture à domicile. Bella continue d’aller à l’école avant d’être embauchée par un fourreur.
Le 15 juillet 1942, avertie de l’imminence d’une rafle, Pessa conserve Léa auprès d’elle dans leur appartement de Saint-Ouen, et envoie ses deux filles aînées, Anja et Bella, dormir chez une cousine à Paris : elle imagine alors qu’on ne l’arrêtera pas avec une enfant. C’est pourtant ce qui arrive. Pessa et sa fille Léa seront déportées par deux convois distincts, en août 1942, à destination d’Auschwitz où elles périront.
Anja et Bella cessent de porter l’étoile jaune mais continuent de travailler. Bella est mise en contact avec des résistants et participe à des distributions de tracts au sein de la résistance communiste. Elle est finalement arrêtée dans le cadre de ses activités résistantes et internée à Drancy.
Déportée à Auschwitz par le convoi du 23 juin 1943, elle est versée à son arrivée dans un Kommando où elle effectue des travaux de terrassement, avant de travailler au Kanada. Au moment de l’évacuation du camp, le 18 janvier 1945, Bella se cache, avec ses compagnes de captivité, et évite ainsi l’exécution. Elle demeure cachée jusqu’à l’arrivée des forces soviétiques.
Bella reprend des forces à Katowice et apporte à son tour son aide pour soigner les déportés. Évacuée de Katowice à Odessa, elle prend le bateau et arrivent en rade de Marseille le 8 mai 1945.
Elle retrouve sa sœur Anja à l’hôtel Lutétia et part en convalescence à Aix-les-Bains.
Elle se marie à Paris en 1949 avec Jean-Gaston Malamoud. Pupille de la nation, elle est entrée à l’école des Arts appliqués pour apprendre le métier de modéliste. Elle a travaillé dans la couture jusqu’à la naissance de ses trois enfants.
Elle est intervenue dans les écoles dès les années 1960 pour témoigner de son parcours pendant la guerre.
Bella Malamoud a été interviewée le 4 janvier 1997 à Saint-Jorioz (Haute-Savoie) par Gérard Darcueil-Dreyfus.
Language: French
Dans cet extrait, Janine Den évoque la vie culturelle au ghetto de Varsovie et la destinée tragique de Marysia Eisenstadt.
Janine Den, née Pieprz, a vu le jour à Varsovie en 1924, dans une famille juive assimilée. Ses deux parents, Mieczyslaw et Maria, travaillent dans la confection. Adolescente, Janine est admise dans un lycée d’État.
Après la capitulation de la Pologne, les Allemands entrent dans la ville. Les établissements scolaires ferment. Le magasin de bijoux de sa mère est détruit dans un bombardement.
À l’automne 1940, Janine et ses parents vivent dans le ghetto de Varsovie. Son père loue une boutique dans laquelle il installe une pâtisserie. Il met au point un système de contrebande, avec la connivence d’un ami qui se trouve hors du ghetto, qui lui permet de s’approvisionner en gâteaux grâce à une corde. Janine travaille dans la pâtisserie et participe aux activités de contrebande.
En juillet 1942 débutent les déportations. Après l’échec d’une tentative d’évasion, les Pieprz se cachent dans leur maison pendant plusieurs jours pour échapper aux arrestations.
Grâce à la complicité d’amis à l’extérieur, Maria Pieprz parvient à sortir du ghetto et s’installe dans un appartement acheté par des amis polonais. Janine s’évade à son tour et retrouve sa mère. Son père finit aussi par les rejoindre.
Le 26 mai 1943, sa mère s’absente pour faire une course. Janine ne la reverra jamais.
Dénoncés, Janine et son père parviennent à un arrangement avec des policiers polonais. Ils parviennent à leur faire croire qu’ils sont protégés par la résistance polonaise, mais ils doivent régulièrement leur donner de l’argent. Ils vivent ainsi jusqu’à la fin du mois de juillet 1944, date à laquelle ils sont arrêtés. Lors d’un transfert en train qui les mène dans un camp, Janine et son père sont cachés dans la cabine du contrôleur. Ils sont ensuite pris en charge par une famille polonaise, les Pokropek, du mois d’août 1944 jusqu’à l’arrivée des Soviétiques en janvier 1945.
Ils retournent à Varsovie, détruite. Ils découvrent que leur famille a été anéantie.
À l’automne 1945, Janine retourne à l’école. Elle passe son baccalauréat en juin 1946. Peu de temps après, elle quitte la Pologne avec son père. Ils s’installent à Paris où ils retrouvent de la famille.
En 1951, Janine rencontre celui qui va devenir son mari. Elle fait l’école de chimie cosmétique mais travaille par la suite dans la confection, avec son mari.
De leur union, célébrée en Israël, sont nés deux enfants.
Janine Den a été interviewée le 27 septembre 1995 à Paris par Tanya Blumstein.
Language: French
Dans cet extrait, Simon-François Malkes évoque les activités culturelles qui existaient au sein du ghetto de Vilno.
Simon-François Malkes, né Malkeis, a vu le jour à Vilno (Pologne), le 14 septembre 1927. Il est le fils unique de Rachel Badasz et d’Abram Malkeis. Abram possède une usine d’électricité. Sa femme travaille à ses côtés.
En 1939, lors de l’invasion soviétique, Abram Malkeis est exproprié et jeté en prison. Certains membres de la famille sont déportés par les Russes en Sibérie, en tant que « capitalistes ». Lorsque les Allemands arrivent à leur tour, en 1941, le père de Simon sort de prison et retrouve les siens. Les nazis mènent rapidement des « Aktions » contre les Juifs qu’ils envoient à la prison de Ponary pour y être exécutés.
La famille Malkes accueille d’autres familles dans sa maison située au sein de l’un des deux ghettos créés dans la ville. Avec son père, Simon travaille dans un atelier de réparation de véhicules allemands situé à l’extérieur du ghetto. En compagnie d’autres travailleurs, ils aménagent une cachette dans l’atelier. Ils y trouvent refuge, à l’été 1944, à l’approche de l’Armée Rouge, lorsque les SS procèdent à une exécution massive avant de fuir.
Repérés lorsqu’ils en sortent, plusieurs jours plus tard, Simon et son père échappent aux tirs allemands en se dissimulant dans un champ pendant deux jours.
Entre temps, la mère de Simon a été hospitalisée à Vilno. Les deux fugitifs la retrouve à l’hôpital. C’est là qu’ils rencontrent les premiers soldats soviétiques le 13 juillet 1944.
Un cousin présent dans l’Armée Rouge les aide à récupérer leur maison.
Les Malkes demeurent à Vilno de 1944 à 1946, avant de s’installer à Lodz, en Pologne, où ils résident de 1946 à 1949. La famille obtient ensuite des visas pour la France. Simon décide toutefois de partir pour l’Allemagne, afin d’y terminer ses études en électronique. Au terme de celles-ci, en 1952, il rejoint ses parents en France. Il travaille dans différentes entreprises en tant qu’ingénieur. Il intègre une société américaine d’électronique où il mène sa carrière pendant trente ans. Il en devient le directeur technique avant d’en être le directeur marketing. Il crée des filières de son entreprise dans différents pays d’Europe, en Italie, en Espagne, en Allemagne et en Autriche.
Simon Malkes s’est marié, a eu une fille de ce premier mariage, avant de se remarier. Au moment de son interview, il est membre du comité exécutif mondial de l’Organisation Reconstruction Travail (ORT).
Simon Malkes a été interviewé le 6 décembre 1995 à Paris par Denise Smilovici.
Language: French
Dans cet extrait, Marek Rudnicki évoque la vie culturelle au ghetto de Varsovie et son importance face à la barbarie nazie.
Marek Rudnicki est né à Lodz, en Pologne, le 24 janvier 1925. Son père, Stanislas, est médecin. Sa mère, Tziporah, s’occupe de leurs deux enfants, Marek et Isaac. Sans être très pratiquante, la famille respecte les fêtes religieuses. Les Rudnicki résident à Lodz. Marek se souvient d’un antisémitisme très répandu. Jeune, il fréquente une école hébraïque, laïque, de tendance sioniste.
Au début de la guerre, l’arrivée des Allemands à Lodz provoque le départ de la famille pour Varsovie. Elle s’installe dans le petit appartement d’une tante. Les Rudnicki survivent dans le ghetto de Varsovie. Marek fait des dessins. Son frère Isaac décède d’une tuberculose foudroyante.
Stanislas Rudnicki est l’ami de Janusz Korczak (médecin, pédiatre et écrivain polonais). Marek se trouve aux côtés de ce dernier, en juillet 1942, pour distribuer le pain à l’Umschlagplatz, lorsque les déportations commencent. Il assiste par la suite à la déportation du célèbre pédiatre. Son père et sa mère disparaissent également dans les déportations.
Grâce à la complicité de résistants polonais, Marek parvient à sortir du ghetto. Il commence alors à agir au sein de l’AK, la résistance armée polonaise. Il commet des actions de sabotage et participe à l’exécution de délateurs.
Le 4 août 1944, il est blessé pendant l’insurrection de Varsovie. Rétabli, il devient agent de liaison entre Cracovie et Varsovie. Arrêté lors d’une rafle, il est envoyé au camp de Plaszow. Grâce à une aide extérieure et ses talents de dessinateur, le commandant du camp, Amon Göth, le fait libérer.
Au lendemain de la guerre, Marek Rudnicki commence à travailler pour une revue polonaise en tant que dessinateur. Il devient le directeur artistique d’un éditeur. L’antisémitisme ambiant le pousse toutefois à quitter la Pologne. Il s’installe à Paris et y poursuit une carrière d’illustrateur. Il travaille avec le Théâtre juif de Pologne. C’est là qu’il rencontre sa compagne, en 1956, dont il adopte l’enfant. Le couple donne naissance à un garçon en 1962.
Marek Rudnicki a été interviewé le 17 décembre 1996 à Paris par Samuel Grosman.
Language: French
Dans cet extrait, Ruth Fayon se souvient de l’orchestre qui jouait à Theresienstadt, dirigé par le chef d’orchestre tchécoslovaque Karel Ancerl.
Née Pinczovsky, Ruth Fayon a vu le jour le 25 novembre 1928 à Karlsbad (Tchécoslovaquie). Ses parents, Joseph et Rondal, sont d’origine polonaise. Ruth a deux sœurs. Son père tient un restaurant casher. La famille est très attachée à la tradition religieuse.
Au moment de l’annexion des Sudètes, la famille abandonne Karlsbad pour Prague.
Sous l’occupation allemande, les Pinczovsky portent l’étoile. Convoqués pour la déportation au début du mois d’août 1942, ils sont envoyés au camp de Theresienstadt le 10 août 1942.
À l’arrivée, Joseph Pinczovsky est envoyé dans une caserne pour y travailler en tant que cuisinier. Ruth et sa mère demeurent dans le ghetto. Ruth se souvient y avoir planté des arbres. Elle reste au camp d’août 1942 à décembre 1943, date à laquelle la famille est déportée à Auschwitz. Là, Ruth est affectée au tri des vêtements des déportés.
Le 5 juillet 1944, Ruth est envoyée à Hambourg avec sa sœur et sa mère. Son père, quant à lui, décédera ultérieurement pendant la marche de la mort.
À Hambourg, Ruth est affectée au déblaiement des décombres après les bombardements, au transport de rails. En mars, 1945, Ruth, sa mère et sa sœur, sont envoyées à Bergen-Belsen. C’est là qu’elles sont libérées par les forces anglaises, le 15 avril 1945.
Les trois femmes sont rapatriées au mois de juillet 1945. Elles apprennent à Prague la mort de Joseph.
Après la guerre, Ruth fait des études de pharmacie. Elle devient préparatrice dans une pharmacie.
Ruth et sa mère partent en Israël en 1949. Ruth y fait son service militaire et y rencontre son mari, d’origine bulgare. Le mariage se déroule à Istanbul où le couple demeure quatre ans. Ruth et son mari ont eu trois enfants, une fille et deux garçons.
Ruth Fayon a été interviewée le 28 octobre 1996 à Genève (Suisse) par Philippe Stroun.
Language: French
Dans cet extrait, Mala Zanger se souvient de la personnalité de Rubinstein, le « bouffon du ghetto », à Varsovie.
Mala Drejzla Frydman est née le 6 octobre 1927 à Grodzisk Mazowiecki, près de Varsovie (Pologne). Son père, Chyl-Frischel, tient une épicerie en gros. Sa mère, Schaindla, s’occupe de Mala et de ses frères et sœurs, Sura-Luba, Aharon et Pinkus.
En 1934, le père de Mala fait faillite. La famille s’installe à Varsovie. Chyl-Frischel travaille à mi-temps dans une synagogue et continue d’exercer des activités commerciales.
Lorsque la guerre éclate, de nombreux réfugiés affluent à Varsovie. Mala aide à les vêtir en faisant de la couture. La famille Frydman se retrouve dans le ghetto. À la suite d’une rafle, son père et son frère sont internés. Le premier s’évade mais il sera par la suite déporté au camp de Treblinka. La famille retrouve le second dans un état squelettique.
Un passeur leur permet de sortir pour rejoindre le village de Bobrek. Mala échappe aux tueries que les Allemands mènent bientôt sur place. Elle découvre que les siens ont été assassinés, sauf son deuxième frère, qui se réfugie dans la forêt où il sera retrouvé mort.
Mala vagabonde et se fait héberger par des Polonais qu’elle quitte quand elle ne se sent plus en sécurité. Épuisée par sa cavale, elle décide de se rendre à la Kommandantur, à Lublin. Elle prend le chemin de l’Allemagne, en tant que travailleuse. Elle est envoyée au camp de Wuppertal, près de Cologne. Là, elle travaille dans une usine de conditionnement d’épices. Elle est protégée par son patron, un antinazi qui ignore qu’elle est juive.
Libérée par les forces américaines, elle est placée dans un camp avec l’ensemble des étrangers qui se trouvaient à Wuppertal. Elle abandonne le camp quand elle a l’occasion de rejoindre une troupe artistique. Avec celle-ci, elle participe à des spectacles à Bergen-Belsen.
Elle émigre finalement pour Paris. Là, elle rencontre son mari, qui lui redonne le goût de vivre. Celui-ci est décédé en 1987. Le couple a eu deux enfants.
Mala Zanger a été interviewée le 29 juin 1995 à Paris par Hélène Levy-Wand Polak.
Language: French
Dans cet extrait, Walter Spitzer raconte comment ses talents de dessinateur ont conduit la résistance à l’envoyer faire des croquis des atrocités collectionnées par Ilse Koch, la « chienne de Buchenwald ».
Walter Spitzer est né le 14 juin 1927 à Cieszyn en Pologne (Haute-Silésie). Il a un frère aîné, Harry. Son père, Samuel, est fabricant de liqueur à Cieszyn. Sa mère, Margaret, est employée des chemins de fer. Peu pratiquante, la famille respecte les fêtes religieuses.
Au premier soir de l’invasion allemande, la synagogue de Cieszyn flambe. Samuel Spitzer décède d’une maladie en février 1940. Harry part s’installer en Slovaquie chez une tante. Il mourra fusillé.
En juin 1940, les Allemands intègrent Cieszyn dans le Gouvernement général de Pologne. Walter et sa mère partent s’installer à Strzemieszyce. Il s’y constitue bientôt un ghetto et des rafles sont organisées. Walter travaille chez un photographe, dans un atelier réquisitionné par les Allemands. Il doit ensuite travailler dans une usine en tant que soudeur.
Il est finalement arrêté en juin 1943. Déporté à Blechhammer, il y apprend que sa mère, également arrêtée, a tenté de s’évader et a été fusillée. Versé dans un Kommando, il porte des sacs de ciment. Ses talents de dessinateur lui permettent par la suite de travailler dans un bureau, ce qui l’aide à survivre.
Au moment de l’évacuation du camp, en janvier 1945, il prend la route avec son ami Jules Fainzang (voir ce témoignage). Tous deux sont acheminés au camp de Gross-Rosen puis à celui de Buchenwald.
Cachés par des résistants de ce dernier camp, ils échappent aux exécutions de Juifs. Embarqués dans un train, ils sont pris pour cible par l’aviation alliée. Ils parviennent à s’échapper du convoi et finissent par rencontrer les troupes américaines.
Rapatrié en France, Walter Spitzer passe quelques temps à Moissac avec son ami Jules Fainzang. Il témoigne par le dessin de son expérience concentrationnaire. Il fait l’École des Beaux-Arts. Il illustre de nombreux ouvrages, dont ceux de Jean-Paul Sartre, Henry de Montherlant, Jean Dutourd et André Malraux.
Également sculpteur, il réalise le monument commémoratif de la rafle du Vel’ d’Hiv’, situé place des Martyrs Juifs du Vélodrome d’Hiver, inauguré le 17 juillet 1994.
Walter Spitzer a été interviewé le 15 novembre 1995 à Paris par Peggy Frankston.
Language: French
Dans cet extrait, Édouard Axelrad relate comment ses talents de dessinateurs lui ont permis d’améliorer son ordinaire au camp d’Auschwitz.
Édouard Axelrad est né à Paris le 10 juin 1918 dans une famille originaire de Roumanie. Il grandit aux côtés de deux frères et d’une sœur dans le VIIème arrondissement de Paris. Le métier de fourreur, exercé par son père, assure à la famille une certaine aisance matérielle. Édouard a fait sa Bar Mitzvah mais la famille pratique peu la religion. Entré au lycée Janson de Sailly, il en sort après sa philo. Il garde le souvenir de fréquentes bagarres dues aux provocations antisémites. Militant du mouvement socialiste des Faucons rouges, intéressé par la politique, il se souvient du passage chez lui de nombreux visiteurs, réfugiés, venus d’Allemagne.
En 1938, Édouard Axelrad entre à l’École nationale de la France d’Outre-mer mais il est mobilisé en septembre 1939. Il intègre alors l’École des officiers d’où il sort en 1940. Affecté dans un bataillon de marche sénégalais au moment de la débâcle française, il ressent une profonde honte et refuse l’armistice en son for intérieur.
Demeuré en zone Sud, Édouard est rejoint par sa mère après que son père est brutalement décédé à Paris d’une crise cardiaque. Début juillet 1941, à Marseille, il entre par le biais d’une ancienne camarade d’études dans un groupe de résistant de la Main d’œuvre immigrée (MOI) avec lequel il participe à des actions de sabotage. Il étudie parallèlement à la faculté d’Aix-en-Provence. Filé par la police, il est arrêté début mars 1944 avec sa mère, son frère cadet et une petite cousine. Interrogé par la police sans que l’on puisse véritablement mettre à jour ses activités résistantes, il est envoyé à la prison des Baumettes.
Transféré en raison de ses origines au camp de Drancy, au début du mois de mai, Édouard Axelrad est déporté le 20 mai 1944. Arrivé à Auschwitz, il est mis en quarantaine avant d’être versé dans un Kommando où il effectue des travaux de terrassement, puis dans un Kommando de dessinateurs techniques. Repéré pour ses talents de graphiste, il réalise des dessins pour des SS, ce qui lui assure de meilleures conditions de survie.
En novembre 1944, il est évacué avec son Kommando en train de voyageurs. Arrivé à Berlin, il est acheminé au camp de Sachsenhausen où il effectue des travaux de force.
Il survit aux marches de la mort, en avril 1945, après l’évacuation du camp, et se trouve finalement libéré par l’Armée Rouge. Il rejoint la zone britannique et se voit rapatrier par train à Paris où il arrive, en gare du Nord, le 28 mai 1945. Il passe par l’hôtel Lutétia, où l’on constate un état de santé correct.
Édouard Axelrad apprend alors le décès de sa mère qui n’a pas survécu à son rapatriement. Quant à son frère, médecin à Bergen-Belsen, il attrape le typhus et décède peu de temps après la libération du camp.
Éprouvant des difficultés à reprendre le cours d’une vie normale, Édouard Axelrad entreprend, après la guerre, une carrière de diplomate en Extrême-Orient. Père d’une fille née en 1948, il est l’auteur de plusieurs livres dont Le Jaune (JC Lattès, 1988), où il évoque son expérience concentrationnaire sous une forme romanesque.
Édouard Axelrad a été interviewé à Boulogne-Billancourt le 14 février 1997 par Rafael Lewandowski.
Language: French
Dans cet extrait, Jean Gemähling raconte sa rencontre avec Varian Fry, organisateur d’une filière d’évasion, à Marseille, et décrit l’aide apportée par celui-ci aux intellectuels et artistes.
Jean Gemähling est né le 19 novembre 1912 à Paris. Sa mère enseigne la littérature dans un lycée et son père est professeur de Droit. Après avoir terminé ses études à l’École nationale supérieure de Chimie et achevé son service militaire en Algérie, Jean travaille à la Compagnie sucrière de Paris.
Au moment de la déclaration de guerre, en 1939, il est mobilisé sur la frontière franco-allemande.
En mai 1940, il est évacué à Dunkerque vers la Grande-Bretagne. Après un bref arrêt au Pays de Galles, il est renvoyé en France où il apprend la signature de l’armistice à Compiègne, en juin 1940. Il rejoint sa famille à Clermont-Ferrand.
Ayant entendu parlé du discours du général de Gaulle du 18 juin, Jean décide d’entrer en résistance. Il part pour Marseille à la fin de l’année 1940 et découvre sur place une organisation constituée par l’Américain Varian Fry, dont le but est de permettre l’évacuation des artistes et des intellectuels menacés par les nazis. Il y travaille jusqu’au mois de novembre 1941 avant d’être arrêté une première fois pour ses activités. Libéré fin mars 1942, il prend en main le service de renseignement du mouvement Combat dirigé par Henri Frenay. Jean est arrêté une nouvelle fois en janvier 1943 mais il parvient à s’échapper et quitte Marseille sous une fausse identité. En avril 1943, il s’installe à Lyon où il continue ses activités de résistance, dirigeant le service de renseignement des Mouvements unis de la Résistance (MUR), puis du Mouvement de Libération nationale (MLN). Il rejoint ensuite Paris où il crée une deuxième centrale de renseignement.
Après la Libération, Jean Gemälhing travaille au regroupement des agents et fournit une assistance aux déportés de retour des camps. Il exerce après la guerre divers métiers avant d’entrer au Commissariat à l’énergie atomique où il travaillera vingt ans durant.
Compagnon de la Libération, titulaire de la Légion d’Honneur, Jean Gemälhing est décédé à Lagny-sur-Marne (Seine-et- Marne), le 2 mai 2003.
Jean Gemähling a été interviewé le 9 avril 1998 à Ozoir-la-Ferrière (Seine-et-Marne) par Peggy Frankston.