Jules Fainzang-cnrd2016

Dans cet extrait, Jules Fainzang raconte la difficulté de tenir, moralement, au camp de Laurahütte, et le réconfort qu’apporta un soir, aux déportés, la musique d’un violoniste.

Jules Fainzang est né à Varsovie le 18 mai 1922, de parents juifs hassidiques. Son père, Meilech, vend des articles textiles. Sa mère, Ides, fait de la broderie à domicile. Jules est l’aîné d’une fratrie de cinq enfants. La famille s’installe temporairement en Palestine vers 1925, où elle ne demeure qu’un temps, en raison d’un climat difficile pour les enfants. Elle s’établit ensuite en Belgique, à Anvers, en 1927.

À 14 ans, Jules entre dans une école technique. Il travaille quotidiennement dans des garages pour apporter un pécule à sa famille. Sa mère tient une mercerie. L’éducation de Jules est assez peu religieuse. Il fréquente une organisation sioniste.

Au moment de l’invasion de la Belgique, le 10 mai 1940, les Fainzang rejoignent la France. En mars 1942, des gendarmes arrêtent Jules, son père et l’un de ses frères. Tous les trois sont internés au camp de Septfonds (Tarn-et-Garonne). Meilech et sa femme, arrêtée à son tour, mourront en déportation.  Les autres frères et sœurs de Jules demeureront cachés à Moissac jusqu’à la fin de la guerre.

Vers la fin du mois d’août 1942, Jules Fainzang est transféré au camp de Drancy. Il est déporté le 28 août 1942 à destination d’Auschwitz. Le train s’arrête à Cosel, avant Auschwitz, et débarque une partie des hommes dont Jules, qui est emmené au camp de Sakrau. Là, il travaille dans une forgerie. Par la suite, il est transféré au camp de Laurahütte (Haute-Silésie), camp satellite de Auschwitz, et affecté dans une usine de métallurgie. Il sympathise avec le médecin du camp, « Max », qu’il assiste dans différentes tâches.

Transféré au camp de Blechhammer en avril 1943, il aide là-aussi le médecin de l’infirmerie dans son travail.

Au moment de l’évacuation du camp, en janvier 1945, Jules effectue une marche de douze jours aux côtés de son ami Walter Spitzer (voir son témoignage), qui le mène au camp de Gross Rosen. Évacués à nouveau, Jules et Walter sont embarqués dans un train qui les emmène au camp de Buchenwald.

Ils échappent à une exécution le 8 avril 1945 en demeurant cachés dans une cave pendant deux jours. Lors d’une nouvelle évacuation, le train qui les transporte est bombardé. Ils en profitent pour s’échapper et rencontrent en cette occasion des soldats américains. Ils accompagnent un temps leurs libérateurs sous uniforme américain.

Jules finit par être rapatrié en France et atterrit à l’aéroport du Bourget, le 7 mai 1945.

Il retourne toutefois en Allemagne, désireux de ne pas laisser seul son ami Walter. Tous deux rentrent en France au mois de juin.

Après quelques temps passés à Moissac puis à Agen, Jules Fainzang rentre à Paris et se met à travailler dans une entreprise d’électricité. Il rencontre sa femme, Paulette, avec laquelle il se marie en 1948. Le couple aura deux enfants.

Ses activités politiques, liées au Parti communiste, valent à Jules, toujours de nationalité polonaise, d’être expulsé de France. Il s’installe à Varsovie, en famille, où il devient technicien à la radio polonaise.

Rapidement déçus par le communisme, les Fainzang ne parviennent à rentrer en France qu’en 1960. Jules devient réparateur de radios. En 1961, il ouvre des magasins de vente de radios et de télévisions, en région parisienne.

Jules Fainzang a été interviewé le 3 juillet 1995 à Saint-Maur (Val-de-Marne) par Peggy Frankston.

Technical issues with the video? Let us know.