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Robert Francès se souvient de la place de la musique dans le quotidien des déportés au camp de Monowitz.

Robert Francès est né le 4 décembre 1919 à Bursa, en Turquie. Il est le fils d’Isaac et d’Allegra Francès. Il a une sœur. Isaac travaille dans l’industrie de la soie. Allegra, qui a fait ses études à Paris, est professeur de français et membre de l’Alliance israélite universelle.

Quelques temps après la mort d’Isaac Francès, la famille émigre à Paris, en raison de difficultés économiques. C’est au lycée de Beauvais que Robert et sa sœur font leurs études secondaires. Pendant ce temps, à Paris, Allegra Francès est couturière à domicile. Elle est aussi l’inventrice d’une ceinture orthopédique, la ceinture « Allegra »

De retour à Paris, Robert commence des études de philosophie après une expérience professionnelle infructueuse dans une entreprise. Il se passionne pour la musique, notamment celle de Johann Sebastian Bach.

Au moment de la guerre, Robert Francès et sa sœur sont évacués vers le Sud-Ouest. De nationalité turque, ils sont recensés en tant que Juifs en septembre 1940.

En novembre 1942, Robert rejoint les Francs-tireurs et partisans (FTP). Il se livre à des activités de propagande et de renseignement. Il travaille comme précepteur dans une famille, à Verrières-le-Buisson. Il se rend régulièrement dans leur ancien appartement parisien, occupé par un résistant, où il retrouve les siens. C’est là qu’il est arrêté avec sa mère, le 29 juin 1943. Tous deux sont emmenés à Fresnes. Robert y est torturé par la Gestapo.

En septembre 1943, Robert et sa mère sont envoyés au camp de Drancy. Ils y demeurent jusqu’à leur déportation, le 7 octobre 1943. Arrivés à Auschwitz le 10 octobre 1943, ils sont séparés au moment de la sélection. Allegra Francès est gazée.

Robert est envoyé au camp de Monowitz et versé dans un Kommando où il effectue des travaux de terrassement puis de peinture. La complicité du docteur Robert Waitz lui permet d’échapper à une sélection.

Une marche de plusieurs jours suit l’évacuation du camp, le 18 janvier 1945. Elle se poursuit par un voyage de neuf jours dans un train de marchandises, sans nourriture ni boisson.

Arrivé au camp de Flossenbürg, il y demeure quelques jours avant d’être déplacé, avec d’autres déportés, vers un autre camp. Le 27 avril 1945, leurs gardiens SS disparaissent. Ils sont alors pris en charge par une fermière qui les cache jusqu’à l’arrivée des forces américaines.

Le 1er juin 1945, Robert Francès atterrit à l’aéroport du Bourget. Sa sœur vient le chercher à l’hôtel Lutétia et Robert retrouve l’appartement de famille.

Il reprend ses études et passe l’agrégation de philosophie en 1946. Il épouse sa femme Simone en 1947 (… 1965). Le couple aura deux fils.

Robert Francès a raconté son expérience concentrationnaire dans un livre intitulé Intact aux yeux du monde (Hachette, 1987).

Robert Francès a été interviewé le 27 février 1996 à Paris par Hélène Lévy Wand-Polak.

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